dimanche 9 mars 2008

Madrid: nette victoire socialiste aux législatives

Les socialistes ont remporté les législatives, dimanche en Espagne, selon des sondages relayés par trois chaînes télé
Le PSOE, parti du chef du gouvernement sortant José Luis Rodriguez Zapatero, a obtenu entre 163 et 176 sièges sur 350, contre 145 à 152 sièges pour l'opposition de droite du Parti populaire de Mariano Rajoy.

Le scrutin a été marqué par une participation importante quoique inférieure à 2004. 35,1 millions d'électeurs étaient appelés à voter.

Les électeurs espagnols devaient élire les 350 députés de leur parlement et une partie du Sénat (208 sièges sur un total de 264).Aux précédentes législatives du 14 mars 2004, le PSOE de M.Zapatero, alors chef de l'opposition, avait remporté une majorité relative 164 sièges et 42,59% des voix, devant le Parti populaire qui avait obtenu 37,71% et 148 députés.

Le taux de participation s'est établi à 61,09% à 18h30, inférieur de 2 points au taux des législatives de 2004 à la même heure (63,02%), selon le gouvernement. Une participation importante cependant dans un scrutin considérée comme crucial pour le camp socialiste qui avait dû sa victoire en 2004 à un sursaut de la part d'un électorat jeune, habituellement peu mobilisé.

Selon les derniers sondages autorisés publiés lundi, le Parti socialiste (PSOE) du chef du gouvernement sortant, jouissait d'une légère avance d'environ 4 points sur les conservateurs du Parti Populaire (PP) de Mariano Rajoy.


Un scrutin dans un contexte d'émotion et de tension

Le contexte électoral a été bouleversé par l'assassinat vendredi, d'un ex-élu municipal socialiste de Mondragon (Pays Basque, nord), Isaias Carrasco, dans un attentat attribué unanimement à l'organisation indépendantiste basque armée ETA. Sous le choc, les socialistes et la droite ont annulé leurs derniers meetings avant la clôture de la campagne électorale.

Le terrorisme avait déjà profondément marqué les dernières législatives de mars 2004, précédées de trois jours par les attentats islamistes de Madrid (191 morts), le pire massacre terroriste ayant endeuillé l'Espagne.

Isaias Carrasco, ancien conseiller municipal socialiste de Mondragon, abattu par balles par un ou plusieurs inconnus alors qu'il sortait en début d'après-midi de son domicile de cette ville basque, en compagnie de sa fille et de son épouse, a été inhumé samedi à Mondragon dans l'émotion et en présence d'une foule importante, dont de nombreux élus socialistes.


L'alerte nationale antiterroriste

Le gouvernement socialiste espagnol avait relevé le 21 février son alerte nationale antiterroriste à son "niveau maximum" pour la période des élections. Il craignait en particulier que l'ETA ne tente d'influer sur le scrutin en commettant un attentat meurtrier. "Nous croyons que l'ETA va tenter de tuer avant les élections", avait alors déclaré le ministre de l'Intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba.

L'organisation indépendantiste a appelé récemment au boycottage des élections législatives pour protester contre "l'oppression" de l'Etat espagnol. Depuis le lancement officiel de la campagne électorale espagnole le 22 février, elle a commis au Pays basque deux attentats qui n'ont pas fait de victime. Le gouvernement socialiste a adopté une ligne dure vis-à-vis d'elle et de l'ensemble de sa mouvance politique depuis l'échec de négociations de paix en 2006 avec le groupe armé.

L'ETA est tenue pour responsable de la mort de 819 personnes en Espagne en 40 ans d'attentats.


La presse espagnole unanime samedi

Samedi, tous les journaux espagnols s'accordaient à constater que l'organisation séparatiste armée ETA tentait de chambouler les élections législatives de dimanche. "De nouveau le terrorisme dynamite la campagne et conditionne les élections", selon la Une du quotidien de droite El Mundo. Le journal de gauche Publico titrait : "Des balles contre des votes", tandis que le conservateur ABC affirmait qu'"ETA 'vote' d'un tir dans la nuque et la terreur recommence à marquer les élections".

Plusieurs journaux ont tenté un parallèle entre cet attentat et ceux du 11 mars 2004, lorsque des bombes posées par des islamistes dans des trains de banlieue à Madrid avaient tué 191 personnes à trois jours des précédentes élections législatives. "Comme quatre ans auparavant, le rendez-vous aux urnes est souillé de sang par l'action vile du terrorisme, cette fois-ci de la main d'un lâche pistoléro de l'ETA", écrit El Pais dans son éditorial. "ETA cherche son 11 mars", selon le journal catalan La Vanguardia (centre-droit), en référence aux attentats de 2004, qui avaient changé la donne du scrutin en portant au pouvoir à la surprise générale le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero.

Plusieurs journaux ont publié une photo prise à l'instant où José Luis Zapatero a appris l'assassinat lors d'un meeting électoral à Malaga (sud). "José Luis, tu dois sortir rapidement, ils ont abattu un élu socialiste, nous ne savons rien de plus", sont les mots glissés à l'oreille du chef du gouvernement, visage fermé et regard vague, par le président socialiste de la région Andalousie. Des journaux ont lancé aussi un appel civique au vote, relayant le message de tous les partis politiques représentatifs et des syndicats. "Des votes pour défaire ETA", demande ABC dans son éditorial. "Face à l'ETA, participation massive", réclame le journal catalan de gauche El Periodico.

http://info.france2.fr/europe/40617178-fr.php

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